Exercer le droit à l’autodétermination de la Catalogne: un droit à défendre à partir de la base

Nacional

Le referendum du 1er octobre 2017 était le point culminant d’un processus de mobilisation et d’organisation populaire qui a débuté, au moins, dix années auparavant.


Autour du débat sur la réforme du Statut d’Autonomie de la Catalogne, conduit par le gouvernement du Parti Socialiste de la Catalogne (PSC) pendant le mandat de José Luis Rodríguez Zapatero (PSOE), la base du mouvement souverainiste connaissait une large croissance. Des secteurs indépendantistes et souverainistes se sont organisés autour de la Plateforme pour le Droit à Décider (PDD) qui organisa les grandes manifestations du 18 février 2006 et du 1er décembre 2007. C’était la première fois que des manifestations sans le soutien des principaux partis autonomistes de l’époque, Convergència i Unió (CiU) et le PSC, ont atteint des proportions massives.

Une autre dynamique de base qui contribua au processus de maturité du mouvement populaire ont été les Consultations municipales sur l’indépendance. Ces consultations débutent dans le ville d’Arenys de Munt, à l’initiative de l’Assemblée Locale de la CUP, le 13 septembre 2009. La question posée c’était: Etes-vous d’accord que la nation catalane devient un état de droit, indépendant, démocratique et social faisant partie de l’Union européenne?. Au long d’une année et demi ces consultations ont eu lieu dans plus de 500 villes et ont montré la capacité d’organisation du mouvement souverainiste catalan réussissant à mobiliser des milliers de volontaires et atteignant une forte participation malgré son caractère non contraignante.

Une grande partie des comités organisateurs des consultations dévernirent par la suite les noyaux locales de l’Assemblée Nationale Catalane (ANC) que ensemble avec Omnium ont organisé les grandes Diadas du Onze Septembre à partir de 2012.

La Consultation du 9 Novembre 2014 à l’initiative du Gouvernement Catalan constituait une nouvelle démonstration de force populaire, compte tenu des doutes que le Gouvernement d’Artur Mas avait, face aux menaces de l’Etat, qui furent vaincus par la force de la base qui favorisa le bon déroulement de la journée. Les conséquences au jour d’aujourd’hui ont été l’inegibilité d’une partie des responsables politiques à l’origine de l’initiative ainsi que des sanctions économiques imposés par l’Etat espagnol.

En octobre 2017 le mouvement populaire a protagonisé un saut qualitatif dans la mobilisation pour l’exercice du droit à l’autodétermination. La persistante négative de l’Etat espagnol à permettre un Referendum d’Autodétermination malgré le grand soutien que celui-ci avait dans la population catalane (d’après des enquêtes, le 80% de la population voudrait décider leur futur politique par la voie d’un Referendum contraignant) a généré une dynamique dans l’auto-organisation et autonomisation populaire qui a profondément marqué le déroulement des événements.

Les débats sur la défense des bureaux de vote, par la voie de la résistance active non-violente, a fait émerger un nouveau acteur mobilisateur, les Comités de Défense du Referendum (par la suite Comités de Défense de la République). Espaces de rassemblement  avec l’objectif de défense du droit collectif à l’autodétermination. Espaces de rassemblement qui ont permis l’expression populaire malgré la répression, malgré le manque de garanties démocratiques et malgré le manque de soutiens internationaux. Espaces de rassemblement qui se sont constitués dans la désobéissance civil non-violente comme stratégie de défense de droits et comme voie pour réclamer une solution politique au conflit.

Finalement, le 3 octobre on a pu voir la puissance du mouvement en clé antirépressive de même que l’importance des syndicats combatifs a fin de convoquer une grève générale. Une Grève Générale qui n’a pas reçu le soutien des principaux syndicats mais qui signifia une réponse claire et forte de la classe ouvrière aux coupes des droits sociales et du droit du travail mais aussi des droits politiques. Le 3 décembre signifia donc un pas de plus dans la prise de conscience des gens sur la force que nous avons chacun de nous pour défendre les droits et libertés collectives.

Comme d’habitude la réponse de l’Etat espagnol, cette fois en utilisant le Roi Felipe VI, fut le discours la nuit du 3 octobre qui incluait la négation du droit à l’autodétermination du peuple catalan et la répression et la persécution du mouvement populaire qui défend ce droit.

12 de febrer de 2019